La mer, la vie et un peu de sagesse…
« N'aie pas peur de la grande vague que tu vois, mais de celle qu'elle cache.»
Alessandro Di Beneditto, pendant le Vendée-Globe 2012-2013
Quand cesserons-nous de tuer la beauté du monde ?
Parfois, les mots ne peuvent plus dire l'innommable. Même le silence ne trouve plus sa raison d'être.
Alors rêver que sur les chemins de l'espoir, l'humain retrouve le sens de la vie.
Une sécurité en échange d’un sacrifice !
Quand l’indécence atteint son comble, il est à se demander ce qui anime les politiciens lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Comment Jean-François Lisée peut-il assumer de tels propos ? Comment André Boisclair peut-il afficher un tel sourire béat à la face des québécois ? Comment madame Marois peut-elle faire preuve d’un tel manque de jugement et de sensibilité pour prendre une décision aussi injustifiable qu’injuste ?
Alors que les banques alimentaires sont désespérément vides ; alors que les scandales de corruption mettent en évidence comment les nantis savent contourner le système pour s’enrichir ; alors que la précarité devient monnaie courante pour une bonne partie de la population ; alors que des travailleurs et des travailleuses vivent dans l’incertitude de garder leur emploi ; alors qu’on demande aux citoyens ordinaires de se serrer la ceinture, ce gouvernement nous lance à la face un tel affront digne de l’époque des rois !
Quel sacrifice monsieur Boisclair est-il tenu de faire ? Il faut faire montre d’une inconscience totale des réalités de la plus grande partie de la population et y ajouter un égocentrisme sans borne pour oser faire une telle demande. Il faut accepter de maintenir ce comportement de «copinage» pour accéder à une telle demande. Que messieurs Boisclair et Lisée ainsi que madame Marois viennent donc essayer d’expliquer aux gens d’Hochelaga-Maisonneuve ou aux travailleurs de Gaspésie et d’Abitibi ce qui justifie qu’on offre une retraite à vie de 170 000 $ à quelqu’un qui n’aurait aucun mal à se retrouver de l’emploi. Quelle belle enveloppe brune maquillée ! Pour moi, désormais, le parti Québécois n’est plus digne de ce Québec qu’il prétend représenter. Pour moi désormais, c’est la honte qui qualifie ce parti auquel j’ai cru.
Monsieur Boisclair, je n’éprouve aucune sympathie pour votre sacrifice.
Monsieur Lisée, je suis profondément déçu de votre complicité dans cette décision digne d’une monarchie.
Madame Marois, je ne vous reconnais plus la stature d’une première ministre qui souhaitait gouverner autrement.
Jacques Pasquet, citoyen ordinaire qui, comme les autres, doit se débattre au quotidien.
Pauvre Blaise
Pauvre Blaise* ou les dérives d’un directeur général
La première responsabilité d’un chef d’entreprise consiste à respecter son personnel, ses fournisseurs et ses clients. Dans le cas qui oppose monsieur Blaise Renaud, directeur général de la chaîne de librairies Renaud-Bray, à Philippe Béha, l’illustrateur bien connu du milieu de la littérature de jeunesse, il est évident que monsieur Renaud est bien loin de se comporter comme un dirigeant conscient de cette responsabilité. Son attitude et ses propos lors de la remise du prix Marcel-Couture, dans le cadre du salon du livre de Montréal, en plus d’être inappropriés, n’étaient pas dignes d’un dirigeant. Qu’il ait pu être choqué par la remarque de Philippe Béha, tout à fait justifiée par ailleurs, sur le manque de visibilité des livres des auteurs québécois de littérature de jeunesse, peut se concevoir. Mais, on a beau être, comme le décrit le journaliste Daniel Lemay, un «jeune et fougueux patron»[1] , il n’en reste pas moins que la retenue, tant dans les paroles que dans les gestes, est une qualité dont monsieur Renaud n’a pas su faire preuve, loin s’en faut.
L’affaire aurait pu en rester là et être oubliée rapidement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’encore une fois, monsieur Renaud ne s’est pas comporté en dirigeant responsable, soucieux de l’image de son entreprise. Bien au contraire. Sa décision de boycotter les livres de Philippe Béha souligne à quel point il n’a pas su faire la différence entre le domaine privé et celui des affaires. En posant un tel geste, non seulement fait-il affront à tous les auteurs mais, qui plus est, il manifeste un irrespect total de ses clients en les prenant en otage d’une décision personnelle à laquelle ils n’ont aucune raison de prendre part. Ce boycott aux allures de caprice n’est en aucun cas une décision d’affaires éclairée mais un coup de tête peu honorable. Il est désolant de devoir faire un tel constat. Nous ne sommes plus à l’époque où le roi pouvait traîner au bûcher qui le contestait. Nous ne sommes plus, du moins j’ose le croire, à l’époque où l’on jetait au feu les livres interdits. Les paroles de Philippe Béha justifiaient-elles qu’on le conduise au bûcher ?
Monsieur Renaud à beau ajouter le mépris à son geste en précisant que la réaction du milieu de la littérature de jeunesse lui importe peu, je reprendrai ses propres mots à l’égard de Philippe Béha pour qualifier son geste : «C’est une attaque un peu pathétique…». Pathétique en effet d’en être arrivé là ! Et puisque la littérature de jeunesse lui importe peu, peut-être pourrait-il lire un livre sur le rôle et les responsabilités d’un dirigeant au sein d’une entreprise à la section L’image du dirigeant. Ça se trouve dans toutes les bonnes librairies, y compris chez Renaud-Bray.
Jacques Pasquet, auteur jeunesse et conteur
* Ma compagne, auteure jeunesse, et férue de la Comtesse de Ségur, n’a pu s’empêcher de faire un lien ! D’où ce titre.
Mais à qui donc parlez-vous ?
J'ai cette belle chance de pouvoir me promener dans un agréable petit parc, juste en face de notre maison, La Bienveillante. Or, depuis quelques temps, un phénomène surprenant se manifeste de plus en plus régulièrement. Généralement, lorsque j'entends parler en arrière de moi ou à mes côtés, je m'attends au classique monologue de l'utilisateur d'un appareil cellulaire. C'est fou ce qu'on apprend sur la vie privée des inconnus depuis l'arrivée de ce gadget ! Or, il n'en est rien. Il suffit que je me retourne pour constater que la personne en question parle avec quelqu'un en chair et en os… enfin presque puisqu'il faut y ajouter du poil. En fait elle parle avec son chien. Ils et elles sont de plus en plus nombreux à manifester cette chaleur humaine à l'égard de leur toutou. Fascinant quand même quand, dans le même temps, on réalise que les humains se parlent de moins en moins de vive voix, mais de plus en plus par l'intermédiaire d'un gadget technologique !
Carton rouge pour médiocratie notoire !
Je n'en reviens tout simplement pas !
Comment, madame Christine Saint-Pierre, ministre de la Culture, a-t-elle pu en arriver à un tel amalgame : déclarer que le port du carré rouge est une manifestation «de violence et d'intimidation» ? Je ne vois là que soumission servile à la politique d'un gouvernement dont le seul objectif est de semer un climat de peur… afin d'obtenir un maximum de votes lors des très prochaines élections. Une telle attitude de la part de l'actuel premier ministre ( premier sinistre, en ce qui me concerne désormais) ne me surprend guère. Mais de la part d'une femme, ancienne journaliste, pour laquelle j'avais le plus grand respect, une telle prise de position s'avère désolante et inquiétante. Comment peut-elle afficher publiquement un tel mépris pour Fred Pellerin, lui qui fait rayonner une image du Québec autrement plus heureuse que celle qui nous est imposée par ce gouvernement et son infâme loi 78 ?
Ce qui est certain, face à une telle attitude qui s'avère comme un mépris de plus de ce gouvernement à l'égard des citoyens qui se comportent en accord avec leurs convictions, c'est que je vais continuer à arborer un carré rouge encore plus visible, n'en déplaise à madame Saint-Pierre et à ses collègues ! Ma «violence et mon intimidation» seront celles de la conscience et du refus de la soumission à un gouvernement en mal de démocratie à qui j'accorde un carton rouge pour médiocratie notoire.
Ce qui est certain maintenant, c'est le souhait que nous dressions à la face de cette honte nos sourires, la force de nos convictions, celle de notre croyance en la beauté de ce Québec, en la justice et, surtout, en l'intelligence des humains de savoir faire le choix de la vie plutôt que celui de l'ennui. Bonne retraite, monsieur Charest !