Objet : un questionnaire d’auteur, quelque part entre ceux de Proust et de Pivot. Contenu : une quarantaine de questions, générales ou indiscrètes.Consigne : choisissez-en une dizaine, celles qui vous interpellent. Notre invité littérature jeunesse pour février : Jacques Pasquet.
Comment êtes-vous devenu lecteur ?
Parce qu’un jour, un de mes professeurs nous a fait partager de façon vraie et personnelle, loin de toute visée didactique, sa passion pour Albert Camus en nous lisant L’étranger. C’est en l’écoutant lire et nous faire part de ses réactions et émotions que j’ai découvert la richesse de ce que pouvait être la lecture.
Enfant, que lisiez-vous ?
Je lisais peu. Et lorsque je lisais, c’était des bandes dessinées de type comics. Des histoires de cow-boys et d’indiens, les aventures de Buck Danny ou de Michel Vaillant et, surtout, celles des Pieds Nickelés, peut-être parce qu’ils n’étaient pas les personnages les plus sages que l’on puisse imaginer. J’aimais aussi lire régulièrement mes revues Spirou et Mickey.
Quel genre de lecteur êtes-vous ?
Cyclique, curieux. J’aime pratiquer la lecture buissonnière et butiner hors de mes habitudes de lecture pour y faire des découvertes.
Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ?
Rassurante
Comment êtes-vous devenu auteur ?
Rien ne me destinait à écrire et à publier. Je n’ai jamais rêvé, enfant et même adulte, de devenir écrivain. Disons que c’est le hasard d’une part et, probablement, le fait d’avoir côtoyé les auteurs jeunesse pendant plusieurs années en tant qu’animateur faisant découvrir et connaître leurs œuvres aux jeunes Québécois.
Pourquoi êtes-vous devenu auteur ?
La réception de mes deux premiers albums a été un encouragement à poursuivre. J’y ai ensuite pris un plaisir évident. En écrivant, j’ai découvert une partie de moi-même que j’ignorais.
Pour vous, qu’est-ce que la création ?
Un moyen de pouvoir exprimer ce que je perçois du monde dans lequel je vis, de donner une couleur particulière à ma pensée. C’est, pour moi, une raison d’être qui me réconforte et me stimule.
Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ?
À l’origine, non. Mais, ces dernières années, j’ai réalisé que ce qui traversait mes textes était souvent une façon de présenter aux enfants certaines réalités du monde dans lequel ils grandissent et dont ils seront un jour des citoyens. Mais ce qui demeure fondamental dans cette démarche, c’est de ne jamais m’éloigner de l’enfance, et c’est là que le pouvoir de l’imaginaire prend toute sa place dans mon travail.
Quelles sont vos principales influences ?
Roald Dahl, Gianni Rodari, Erich Kästner et Jacques Prévert
Quel écrivain appréciez-vous pour sa démarche créatrice ?
Le Clézio
Quel regard posez-vous aujourd’hui sur vos premiers livres ?
Affectueux, ému et bienveillant.
Quelle importance donnez-vous à l’aspect matériel de vos livres ?
Une grande importance, particulièrement dans le cas des albums. Je suis un amoureux de l’illustration. Mais au-delà de cet intérêt personnel pour l’image, il y a chez moi la passion des beaux livres. Un album doit être le fruit d’un travail collectif dans lequel le texte, l’illustration, le graphisme et la mise en page doivent se combiner et s’harmoniser pour offrir au lecteur un bel objet à voir, à lire et à garder.
Quel livre pour la jeunesse offririez-vous à un adulte ?
Difficile à dire. Il y a tant de superbes livres. Mais si j’avais à le faire, j’essaierai d’abord de cerner ce que cet adulte pense de la littérature de jeunesse et je lui offrirai alors le livre qui pourrait le plus le déstabiliser par rapport à sa perception. Pourquoi ? Pour aller plus loin.
Qu’est-ce qui vous anime dans le fait d’écrire pour le jeune public ?
Le sentiment que je fais peut-être œuvre utile de ma vie.
Selon vous, pourquoi avons-nous besoin des livres pour enfants ?
Pour cultiver le rêve et enraciner l’imaginaire comme l’un des petits bonheurs de l’existence, quel que soit notre âge.
Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ? Que lui diriez-vous ?
Le Lapin d’Alice au pays des merveilles. « Arrête de courir comme ça, tu vas finir par te rendre malade ! »
Qu’est-ce qui vous contrarie ?
Moi-même, bien souvent.
Outre la littérature jeunesse, quelle forme d’expression vous intéresse ?
La parole conteuse
Y a-t-il une citation qui vous interpelle ?
« Si ce que tu as à dire n’est pas aussi beau que le silence, alors tais-toi. » Hélas, je n’y arrive jamais !